Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke
Anne Teresa De Keersmaeker, Michaël Pomero, Chryssi Dimitriou
Par un soir d’automne 1899, Rainer Maria Rilke, alors âgé de vingt-trois ans, écrit l’épopée Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke [La mélodie de l’amour et de la mort du cornette Christoph Rilke]. Ce texte bref, qui sera minutieusement repris et corrigé au fil des ans, se lit comme un rêve sensuel : le jeune Christoph Rilke, lointain ancêtre du poète, porte-drapeau ou « cornet », se rend en 1664 avec une petite compagnie de soldats au château fort d’un comte autrichien ; après une nuit d’amour avec la comtesse, il court au-devant d’une mort héroïque lors d’une bataille contre l’armée turque. Ce texte de Rilke explore à tous égards les zones d’ambiguïté : voilà de la prose qui chante comme un poème, où les hommes peuvent prendre des traits féminins, et les femmes des allures viriles ; la femme y est simultanément amante et mère, Vierge Marie ou sensuel ange de la mort.
Anne Teresa De Keersmaeker poursuit là un amour ancien. La musicalité du texte de Rilke l’amène à poursuivre ses recherches sur le contrepoint entre danse et texte, entre mouvements et parole. « Voilà un moment déjà que je m’intéresse aux “origines” du mouvement. Plus encore que les pas, la respiration est un des motifs de mouvement les plus élémentaires et essentiels à la vie. Avec l’inspiration naît le bruit, le bruit devient parole, et la parole chant. Une voix ne peut mentir : elle dévoile l’intimité d’un individu. Parmi les milliards d’humains, vous reconnaîtrez toujours un individu à sa seule voix, les yeux fermés. A ce Cornet de Rilke je veux donner souffle et voix, en abordant le texte comme une partition. Comment incarner la langue, danser une narration ? Que se passe-t-il quand on confronte la logique d’un texte à une logique de mouvement indépendante ? Prenez le théâtre nô : le mouvement souligne, accentue ou illustre la narration, tout en déployant sa logique propre, une beauté autonome qui s’affranchit du texte. Je veux explorer les interstices dévoilés par Rilke : toutes ces zones d’ombre entre respiration, parole et chant, entre masculin et féminin, entre lyrique et prosaïque. »
Par
Anne Teresa De Keersmaeker
Créé avec et interprété par
Anne Teresa De Keersmaeker, Michaël Pomero, Chryssi Dimitriou
Texte
Die Weise von Liebe und Tod des Cornets Christoph Rilke, Rainer Maria Rilke
Musique
Opera per flauto, Salvatore Sciarrino
Lumières
Luc Schaltin
Costumes
Anne-Catherine Kunz
Graphisme
Casier/Fieuws
Dramaturgie
Vasco Boenisch
Conseiller pour la langue allemande
Roswitha Dierck
Conseiller artistique
Michel François
Son
Alban Moraud
Production
Rosas
Coproduction
De Munt / La Monnaie (Brussel/Bruxelles), Ruhrtriennale, Concertgebouw Brugge, le théâtre de Gennevilliers avec le Festival d'Automne à Paris, Sadler’s Wells (London), Les Théâtres de la Ville de Luxembourg
Première
24/09/2015, Ruhrtriennale
Performance en Allemand, avec sous-titres