Rosas

En parcourant l'histoire de l'art dans la “Galerie du temps” du Louvre-Lens, Anne Teresa De Keersmaeker aborde la notion de “durée”. Pour ce faire, elle se concentre sur ce qu’elle considère comme la forme la plus élémentaire de la danse : la marche ­— soit le dénominateur commun de toute l'humanité en mouvement. Sur un chemin qui couvre d’un seul regard cinq mille années d'histoire de l'art, concentrées en un seul et immense espace, la chorégraphe propose une invitation à ralentir, pour mieux ressentir les plus légères modulations du temps. Il s’agit là d’une résistance aux injonctions contemporaines de vitesse, d’une réflexion sur le passage du temps — pour le dire avec les mots d’une chanson de Brian Eno —, et d’une quête toujours plus brûlante de another green world (titre de l’album de 1975 du même Eno).

En guise de réponse chorégraphique à la collection et à l'architecture du Louvre-Lens, De Keersmaeker met en place un collectif : une communauté de gens qu’unissent la marche, et qui se mettent en route vers une destination incertaine. Leur parcours prend son départ dans le mouvement le plus simple qu’on puisse trouver — un pas en avant — vers un espace tout en lumière et en transparence, la galerie de verre conçue par Kazuyo Sejima et Ryue Nishizawa, et sa vue sur le stade Bollaert.