Rosas

La Neue Nationalgalerie, récemment rénovée par David Chipperfield, accueille le nouveau volet du cycle Dark Red d’Anne Teresa De Keersmaeker : une série de chorégraphies spécialement calibrées pour les musées. Le remarquable espace, monumental et tout en transparence, se convertit en espace scénique pour recevoir cette création à laquelle participent Cassiel Gaube, Soa Ratsifandrihana, la flûtiste Chryssi Dimitriou et la plasticienne Ann Veronica Janssens (avec qui la chorégraphe n’en est pas à son coup d’essai).

Pendant quatre jours, le musée accueillera différentes micro-improvisations en solo, conçues à partir de pièces pour flûte extraites de L’Opera per Flauto de Salvatore Sciarrino, jouées en direct. Une réflexion sur la respiration, depuis quelques temps déjà, se trouve être l’un des grands principes structurants du travail de De Keersmaeker. Dans L’Opera per Flauto, le souffle ne se donne pas seulement comme élan vital, mais aussi bien comme combustion vitale : à la fois don et perte, le cycle respiratoire s’ouvre et se ferme simultanément en spirale, explique la chorégraphe. Cette figure paradoxale offre le cadre spatial et temporel de la chorégraphie.

L’expérience Dark Red a vu le jour en 2019. Le cycle est conçu comme une série d’études critiques sur différentes manières de transposer l’art chorégraphique de la « boîte noire » scénique au « cube blanc » muséal. Le présent épisode convoque un nouvel interlocuteur,  en initiant un étroit dialogue avec l’architecture. La confrontation entre la logique architecturale, qui vise à la consolidation, et la fluidité contingente des corps et du temps humains en constitue la nervure centrale. Avec Dark Red – Neue Nationalgalerie Berlin, se font face l’architecture moderne (une géométrie de l’utopie) et le singulier formalisme d’Anne Teresa De Keersmaker (une utopie de géométrie), dans lesquels se plongent et  s’éprouvent les corps humains, tout entiers tissés de danse et de souffle.